Dans les brumes alcoolisées du patriotisme guerrier

Publié le par Henri LOURDOU

Dans les brumes alcoolisées

du patriotisme guerrier

 

 

"les 3 à 3,5 millions de poilus reçoivent gratuitement dans leur rationnement quotidien un quart de vin (25 cl) dès 1914, puis deux quarts en 1916, avant d’atteindre trois quarts deux ans plus tard. L’eau-de-vie est également fournie, à hauteur d’un seizième de litre. (...)

Selon Jules Isaac, dans une lettre datée du 5 septembre 1915, « La chasse au pinard est depuis le début de la guerre la principale occupation des poilus […] et ils n’en ont jamais assez. » Les experts et les hiérarques militaires, bien que responsables au premier chef de la situation, s’en inquiètent, modérément depuis 1915, plus sérieusement l’année suivante. À l’instar de Pétain qui, à Verdun, s’interroge sur les désordres éventuels provoqués par l’alcoolisation des troupes. Le rôle de cette dernière dans le déclenchement des mutineries de 1917 se pose ici : sont-elles déclenchées par une consommation excessive, désinhibant les soldats, et/ou par une insuffisance des approvisionnements ? Les historien·ne·s sont très partagé·e·s sur le sujet. (...)

Les alcools tissent de solides liens de fraternité et de solidarité. Associés à des moments festifs ou adossés à des pratiques cohésives (entrée dans une escouade, retour de permission, célébration d’une promotion), ils favorisent l’esprit de corps et participent à la construction d’une communauté combattante et d’une sociabilité masculine, toutes deux mises à mal par une guerre mécanique et industrielle, dont la brutalité oblitère la valeur de l’existence humaine. "

 

Sébastien Durand , Historien, chargé de cours, Université Bordeaux Montaigne

https://theconversation.com/produire-et-consommer-les-vins-et-alcools-en-france-de-1914-a-1918-une-autre-maniere-de-comprendre-la-premiere-guerre-mondiale-87722

 

Voici un point de vue qui éclaire davantage encore à quel point cette guerre fut une régression humaine à tout point de vue. Et non la "guerre de la Civilisation et du Droit" que l'on a trop longtemps proclamé.

On ne le dira jamais assez : il n'y a pas de "guerre propre". Refuser la guerre chaque fois que possible, ou prévenir les conditions de sa venue, c'est là une priorité humaine absolue.

Publié dans Histoire, Europe

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