Edmond MAIRE

Publié le par Henri LOURDOU

Edmond MAIRE

 

"Qu'il est dur d'être enfant de Maire

Et d'avoir servi sous Notat

On risqu'à tout moment de s'faire

Traiter d'affreux renégat

 

J'ai des potes partis à Sud

Et d'autres à la CGT

Beaucoup non syndiqués, c'est rude

Mais moi je rest'CFDT"

 

(Petit pastiche de l'Internationale écrit en 2003.)

 

Je suis en effet un "enfant de Maire". Devenu sympathisant CFDT en 1972, suite à la déclaration d'Emond Maire concernant l'assassinat de Pierre Overney aux portes de l'usine Renault de Billancourt (il avait refusé d'ostraciser ce militant ouvrier maoïste), j'ai adhéré à ce syndicat le soir du coup d'Etat du général Jaruzelski en Pologne en décembre 1981.

Devenu responsable syndical du Sgen-CFDT départemental dans les Deux-Sèvres, puis régional en Poitou-Charentes, j'ai assumé le satut d'oppositionnel constructif, en m'opposant en décembre 95 à la position confédérale sur la question des retraites et à son positionnement sur les négocations Unedic (j'ai co-fondé le comité AC! (Agir ensemble contre le Chômage) de Thouars).

J'ai cependant refusé de rejoindre l'opposition "officielle" de "Tous ensemble ! " qui rejoignit en 2003 la CGT, en raison de désaccords de fond sur la question des retraites et la pratique syndicale.

J'ai toujours défendu la pratique du débat et la recherche d'un syndicalisme rassemblé sur des positions réellement communes, qui ne peuvent être que réformistes, sans fétichiser comme d'autres à la CFDT l'identité propre de ce syndicat et la pratique de la négociation pour la négociation sans tenir compte du rapport de force à établir.

 

Ce qui m'a plu dans Edmond Maire, c'est cette perpétuelle remise en question qui caractérise les intellectuels, ainsi que le rappelle fort justement Pierre ROSANVALLON dans son hommage publié par "CFDT magazine" de novembre 2017.

Et c'est également son intransigeante intégrité rappelée dans "Marianne" du 6 octobre par Jacques JULLIARD. Ainsi que sa référence constante à deux pères fondateurs du syndicalisme français qui me sont particulièrement chers : Fernand Pelloutier, créateur des Bourses du Travail, et Pierre Monatte, créateur de "La vie ouvrière" et de "la révolution prolétarienne".

 

C'est ce syndicalisme-là, conscient de ses origines et de son histoire, qu'il faut continuer à faire vivre. Et Edmond Maire lui-même en était conscient, qui confiait à Julliard "lors de la dernière discussion qu'(il) ai(t() eu avec lui, au printemps dernier, (qu)'il regrettait que la CFDT, dont il approuvait résolument l'action, ait en partie abandonné l'apport d'une culture historique approfondie, telle qu'elle avait été mise en oeuvre dans les grandes années de la revue "Reconstruction" (années 50-60). Il avait ce jour-là approuvé le mot d'ordre de refondation du syndicalisme que (Julliard) lui avai(t) proposé."

Un mot d'ordre que je partage.

Publié dans Histoire, syndicalisme

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