Leçon d'Histoire-bis pour une Gauche aux abois
Leçon d'Histoire-bis pour une Gauche aux abois.
Dans cette interminable campagne hors-normes des présidentielles 2017, alors que se précise l'état des forces, à la mi-mars, un point me saute aux yeux.
Un commentateur récent -il n'en manque pas- faisait remarquer que la Gauche -prise globalement- était réduite à 25% des intentions de vote.
Cela m'a renvoyé aux années 60-70 qui furent mes années de prise de conscience politique. Bien que "non formaté" familialement -pas de militants dans ma famille- j'étais spontanément "de gauche". Et je me désolais, élection après élection, de constater le caractère répétitivement minoritaire en voix de la Gauche.
J'ai toujours eu la religion des chiffres, et je me souviens que le PCF stagnait toujours autour de 20% et la "gauche non communiste" (comme on disait alors) à 17,5%, ce qui ne faisait guère que 37,5% des voix. C'était à la fin des années 60 et au début des années 70.
Ce qui a changé la donne, a été la géniale initiative du PCF, alors dirigé par Waldeck Rochet, de soutenir un candidat unique de la Gauche aux premières présidentielles au suffrage universel en 1965.
Grâce à cela, elle a réuni 45% des voix au 2d tour, après avoir réussi à passer le 1er en deuxième position.
Bien sûr cela s'est fait par une agglomération de suffrages "contre" le général De Gaulle, plutôt que sur l'adhésion à un projet positif.
De plus, le choix du candidat unique s'est fait par soustraction, ou par défaut, plutôt que par construction d'un projet commun. Et bien entendu en petit comité, entre dirigeants.
Aujourd'hui bien des choses ont changé.
Et d'abord la consultation des adhérents et sympathisants des partis de gauche (à l'exception du PG qui dispose d'un "leader naturel", JL Mélenchon...).
Mais aussi le rapport des forces au sein de la gauche.
Après avoir écrasé la gauche communiste, réduite à 12% et dispersée entre l'extrême-gauche trotskyste et le PCF, la gauche socialiste s'est trouvée réduite en quelques années de 30% à 13%...sans que cela profite en retour à cette gauche ex-communiste, pourtant réunifiée par Jean-Luc Mélenchon : il stagne dans les urnes (en 2012) comme dans les sondages (en 2017) à 12%.
La "nouvelle gauche écologiste", qui a remporté la bataille culturelle à gauche (tous les grands partis sont aujourd'hui écologistes) n'a pas su stabiliser un espace électoral, qui oscille entre 2 et 10%.
Le résultat est l'essor d'un magma central, agglomérant des aspirations contradictoires : un Extrême-centre, comme je l'ai baptisé.
Essor favorisé par la radicalisation de la Droite comme de la Gauche, mais gros de crises à venir.
Anticiper ces crises, et se préparer à accueillir les "déçus du macronisme" à Gauche me semble la tâche de l'heure.
Cela passe par le refus des propos stigmatisants et définitifs, et , au contraire, par la mise en avant des fondamentaux de Gauche susceptibles de rassembler demain une majorité de Français, autour de l'enjeu fondamental qu'est l'enjeu écologique, porté aujourd'hui par la seule Gauche.