Entre la tentation des extrêmes et la refondation de notre république
Entre la tentation des extrêmes,
et la refondation de notre république.
Je suis allé tracter au marché ce matin, et l'impression que j'en retire est double;
D'un côté la tentation des extrêmes au nom du "vote utile" : d'un côté l'extrême-droite (donnée en tête au 1er tour), et de l'autre l'extrême-centre (Macron comme barrage incontournable à l'extrême-droite : il faut donc qu'il soit en tête au 1er tour).
Dans les deux cas, un même implicite : le président élu est la clé des institutions et la source de toute majorité gouvernementale. Avec ses implications : le pouvoir, une fois investi par le vote présidentiel, vient d'en haut et d'une source unique, le monarque républicain.
Mais d'un autre côté on entend aussi une autre musique. Cela ne peut plus durer comme cela. Quoi donc ? La confiscation du pouvoir par des monarques impuissants, qui déçoivent systématiquement l'attente de leurs électeurs. Et, quand on approfondit, la toute-puissance de grands élus qui font la pluie et le beau temps à coup de clientélisme, et qui sont eux-mêmes les propres otages d'une relation perverse avec leurs électeurs : condamnés à céder à des intérêts particuliers par le contact purement individuel avec l'électeur, généré par la monarchie élective et la sacralisation de l'élu.
Faire passer le collectif et l'intérêt général devant
Il devient urgent de donner sa juste place à l'aspiration participative de nombreux-ses citoyen-ne-s.
En coupant court au cumul des mandats, dans le nombre et dans la durée, on détruira cette féodalité des "grands élus" qui s'est construite au cours du temps et a détruit la vie démocratique des partis.
En revitalisant ainsi les partis, on redonnera vie au vrai débat politique : celui qui confronte des idées et non des projets de carrière.
Cela implique aussi de refaire de notre République une vraie république parlementaire, où les majorités se construisent par la négociation de compromis entre sensibilités différentes, et donc où la représentation redevient proportionnelle au poids de ces sensibilités dans l'électorat.
Cela suppose bien sûr une éthique du débat : celle-ci consistant à faire passer le collectif et l'intérêt général devant.
Et cela implique un ressourcement régulier de l'élu devant l'assemblée des électeurs (et non l'électeur isolé) pour valider ou instruire des choix.
La nécessité d'une 6e République
Nous arrivons au bout d'une histoire : celle de la 5e république, fondée sur le présidentialisme et le scrutin majoritaire. Elle reposait sur un rapport direct entre le président et le peuple : rien d'étonnant donc à ce qu'elle ait nourri une forme de populisme reposant sur l'illusion d'un peuple uni et unique, dont on mesure à présent les impasses.
Renouer avec l'idéal démocratique est l'enjeu de l'élection qui vient. L'alternative est un trumpisme ou un poutinisme à la française, porteur de fractures, de violence et de guerre. Ou bien l'impuissance d'un monarque proclamé, mais sans pouvoir réel.
Votons pour les candidats de la 6e république aux législatives ! Et rassemblons-nous autour de cet enjeu.