Génocide tutsi au Rwanda : collaboration et négationnisme français

Publié le par Henri LOURDOU

Génocide tutsi au Rwanda :

collaboration et négationnisme français.

 

Il est fascinant de voir comment un organe de presse a priori respectable comme "Le 1" tend complaisamment la plume et le micro à deux acteurs majeurs du négationnisme français sur le génocide commis contre les Tutsis au Rwanda en 1994. ("Le 1" n°140 du 1er février 2017 : "France-Rwanda la contre-enquête").

Il s'agit de Pierre PÉAN et Hubert VÉDRINE, dont l'un utilise le prétexte de la responsabilité présumée de Paul KAGAMÉ dans l'abattage de l'avion du président Juvénal HABYARIMANA pour lui attribuer la responsabilité des massacres qui l'ont suivi, et l'autre allègue une prétendue "naïveté" de la diplomatie française pour justifier notre implication dans ce génocide.

Or, s'il est une chose avérée, c'est que l'abattage de l'avion présidentiel n'a été qu'un prétexte au déclenchement d'une "opération" déjà très largement préparée, et justifiée par des dizaines d'années de propagande raciste et de massacres antérieurs. Et que, d'autre part, l'implication de la France au Rwanda n'avait rien de naïf ni de désintéressé, et s'est opérée en pleine connaissance des acteurs, de leurs positions et de leurs actions.

"Le 1 " se dédouane de cette apologie indécente de l'action de la France et de la désignation d'un bouc émissaire à ses propres turpitudes en donnant en "contre-pied" la parole à la journaliste belge Colette BRAECKMAN, dont le livre "Rwanda, histoire d'un génocide", paru dès 1994, m'avait ouvert les yeux. Il se limite malheureusement à l'expression de doutes sur la thèse de Péan à propos de l'abattage de l'avion présidentiel. Ce qui est une façon, particulièrement perverse à mes yeux, de crédibiliser davantage cette thèse et d'évacuer le débat de fond sur l'implication de la France de Mitterrand et Balladur. Même si elle pose, à la fin de sa trop courte contribution, la très juste question : "pourquoi le pays des droits de l'homme a-t-il été le compagnon de route de cette entreprise de mort et pourquoi les hommes politiques, quels que soient leur parti et même leur génération, ont-ils occulté ou minimisé la responsabilité de leur Etat dans le dernier génocide du siècle dernier ?"

 

Pour y répondre, en partie, je commence de lire l'ouvrage fondamental de Stéphane AUDOIN-ROUZEAU "Une initiation -Rwanda (1994-2016), Seuil, janvier 2017, 176 p...non cité dans la bibliographie du "1".

J'y reviendrai.

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