Mélenchon et la Syrie

Publié le par Henri LOURDOU

La "solution" de Mélenchon pour la Syrie :

hypocrisie ou folie furieuse ?

 

Dans "Le Monde" du 6-1-17, JL Mélenchon (noté JLM plus loin) est longuement interviewé sous le titre de "une" : "A quoi bon un candidat du PS ?"

J'analyserai ailleurs l'ensemble de ses réponses et son positionnement.

Je m'en tiendrai ici à ce qu'il dit sur la Syrie. Pour éviter tout procès en "manipulation", je le citerai intégralement.

 

Question du "Monde" : Vous préconisez en Syrie le retour des réfugiés et la tenue d'élections pour mettre fin au conflit. N'est-ce pas irréaliste ?

JLM : Face à la violence de la guerre, n'importe quelle solution pacifique a toujours l'air utopique. La solution en Syrie, c'est une coalition universelle conforme aux objectifs que l'ONU vient d'adopter : sont exclus de la recherche de la paix les bandes islamistes armées de Daech, Al Nosra et Al Qaida. Qui doit décider ensuite du sort du régime ? Les Syriens, en organisant une élection. Est-ce que c'est facile ? Non. Mais il est plus aisé de réorganiser la Syrie avec le retour des habitants et un vote, que d'espérer arriver à un résultat positif en bombardant tout le monde. Sinon, quel que soit le vainqueur militaire, ce sera un dictateur."

 

Commentaire : si l'on s'en tient à tous les principes de l'ONU , n'exclure de la recherche de la paix que "les bandes islamistes armées de Daech, Al Nosra et Al Qaida" est à l'évidence totalement déséquilibré si l'on n'y inclut pas les bandes armées venues au secours du régime : Hezbollah, milices iraniennes et afghanes, ainsi que les bandes armées du régime lui-même, toutes aussi coupables de crimes de guerre documentés, voire de crimes contre l'humanité.

Donc une première hypocrisie manifeste de la part de JLM;

Ce fâcheux "oubli" permet ensuite à JLM d'imaginer, ou de nous faire croire, que le retour des 5 millions de réfugiés et près de 10 millions de déplacés (plus de la moitié de la population du pays !) ne serait qu'une formalité. Ces gens-là n'auraient fui que la guerre (dont les origines restent dans l'ombre) et nullement le régime !

Deuxième hypocrisie manifeste.

Et donc il n'y aurait plus qu'à organiser des élections ? Pas facile, nous concède JLM; mais il ne précise pas pourquoi. Comme il ne précise pas QUI organiserait ces élections. Le régime ? C'est un peu comme si on avait demandé au général Franco d'organiser des élections en Espagne en 1939 !

On n'est plus là dans l'hypocrisie, mais en plein délire.

Mais voyons la suite.

Question du "Monde" : Vous critiquez le rôle de la Turquie...

JLM : Il faut d'abord mettre fin à une hypocrisie. La Turquie est censée être membre de l'Otan. Elle est entrée en Syrie pour aider certaines bandes armées. C'est inacceptable ! Elle doit rentrer chez elle. Les faits m'ont donné raison à 100%. Il y avait deux hypothèses. Soit il s'agissait d'une guerre civile entre des rebelles, dits modérés, et Bachar Al-Assad, soit -et c'était ma position- il ne s'agissait ni d'une guerre civile, ni d'une guerre de religion, mais d'une guerre de puissance."

 

Commentaire : En matière d'hypocrisie, on notera le même petit oubli que précédemment : la Turquie est désignée comme intervenant extérieur non légitime, mais ni l'Iran, ni le Hezbollah, ni la Russie, pourtant intervenus bien avant sur le terrain.

On notera aussi le déni de guerre civile : non, les Syriens ne se sont pas révoltés massivement en 2011 contre le régime, d'abord pacifiquement, puis par les armes suite à la répression sanglante pendant 6 mois de leurs manifestations. Cela n'a pas existé. Moi JLM je réécris l'histoire et j'ai (comme d'habitude) "100% raison".

On hésite ici entre l'hypocrise d'un dragueur des voix des nostalgiques de l'URSS (comme la suite le laisse supposer) ou le délire d'un fou furieux qui s'est construit son monde à lui, à l'écart de toute réalité.

 

Question du "Monde" : Condamnez-vous les bombardements russes à Alep ?

JLM : Pourquoi choisir entre les bombardements russes, turcs, nord-américains et français ? L'urgence est de donner une chance à la paix.

 

Commentaire : Non JLM ne choisit pas ! Quel faux-cul ! On croirait entendre Maurice Thorez sur la Hongrie en 1956 !

 

Conclusion : Elle est sans appel. Cet homme n'a plus rien à voir avec la gauche et ses idéaux. Il est dangereux et il faut le combattre.

Post-Scriptum : Lettre au Canard Enchaïné

Cher Canard,

 

Après les dégoûtantes et délirantes déclarations de Mélenchon sur la Syrie (Le Monde du 6-1 et ses voeux à la presse), et compte tenu de la posture et de la stature prises par ce personnage,une réponse appropriée m'a paru l'ironie vengeresse qui est ta marque de fabrique.

Aussi, reprenant la tradition du regretté Roland Bacri, je te propose le pastiche suivant, sur un air trop connu :

 

Mélenchon, nous voilà !

 

Couplet 1 :

Une rumeur exquise

Monte de nos cantons,

Et la France insoumise

Crie ton nom : Mélenchon !

 

Refrain :

Mélenchon, nous voilà

Devant toi le sauveur de la France

Nous jurons, fill's et gars

Qu'on te kiffe et qu'on vot'ra pour toi.

 

Mélenchon, nous voilà

Tu nous as redonné l'espérance

La France renaîtra

Mélenchon, Mélenchon, nous voilà !

 

Couplet 2 :

La diaspora syrienne

Eblouie par ton plan

Ne sera plus une gêne

Foutant d'ici le camp

 

Couplet 3 :

Et Bachar Al-Assad(e)

Démocrat ' consommé

Humaniste admirable

Sera vit' confirmé.

 

Lecteur redevenu fidèle, après avoir rompu définitivement avec Charlie hebdo, dont la dérive islamophobe et vindicative m'effraie, je te prie, dans la confusion idéologique actuelle, de bien vouloir rester toi-même : libertaire, égalitaire, pacifiste et anticlérical, sans concession au nationalisme sécuritaire, fut-il social, au racisme sous toutes ses formes (même habillé des oripeaux de la laïcité), et avec la pointe d'écologie rendue nécessaire par l'état de la planète. Alors, comme on dit aujourd'hui : "Ne lâche rien !"

 

Bien à toi.

Un ancien abonné de 1969 qui ne va pas tarder à le redevenir, car, dans le climat désespérant actuel, tu es, si j'ose dire, ma "bouée d'air frais" hebdomadaire.

 

Post-post-scriptum du 8-2-17 : Bien sûr j'ai exagéré en écrivant que JLM n'a plus rien à voir avec la gauche... Il n'en reste pas moins que ses positions sur la Syrie resteront une tâche sur son parcours politique. Et qu'il est indispensable qu'il les revoit.

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