Mélancolies de gauche : mode d'emploi
Au cimetière du Py à Sète, pas très loin de la tombe de Brassens, ce rappel de ce que fut la "guerre de 14-18", "cell', mon colon, que je préfère"...
Mélancolies de gauche : mode d'emploi
Enzo TRAVERSO "Mélancolie de gauche -la force d'une tradition cachée (XIXe-XXIe siècle)", La Découverte, 2016, 228 p.
Michèle RIOT-SARCEY "Le procès de la liberté -une histoire souterraine du XIXe siècle en France", La Découverte, 2016, 356 p.
Cipriano MERA "Guerre, exil et prison d'un anarcho-syndicaliste", Le Coquelicot, 2012, 326p.
Michel RAGON "La mémoire des vaincus", roman, Livre de Poche, 1992, 559 p.
Louis LECOIN "De prison en prison", Edité par l'auteur, 1947, 254p.
Charles FRAVAL "Histoire de l'arrière -Histoire des peuples durant la guerre", Jidéher, sans date (vers 1920, mais réédité semble-t-il en 1930), 318 p.
Hamid SULAIMAN "Freedom hospital", Ça et là-Arte éditions, avril 2016, 287 p.
ENZO TRAVERSO : Une entrée étroite
J'ai été séduit par la présentation sur France-Culture (la seule radio que j'écoute) du livre de Enzo TRAVERSO, mais plutôt déçu par sa lecture.
Bien que le thème qu'il aborde soit particulièrement important, il ne le traite que d'un point de vue qui m'a semblé assez étroit : celui d'un certain trotskysme, incarné par la figure respectable certes, mais enfermée dans un cadre idéologique, générationnel et généalogique limité, de Daniel BENSAÏD. Que celui-ci ait découvert tardivement la pensée non orthodoxe de Walter BENJAMIN ouvre certes un peu ce cadre, mais n'élargit guère le propos.
Surtout, il ne rend pas leur place à tous les vaincus du combat pour l'émancipation et ne permet pas de comprendre la résurgence actuelle d'une tradition que BENSAÏD, et ceux auxquels il se réfère, ont longtemps contribué à ensevelir sous l'oubli. Je veux parler bien sûr de la tradition libertaire.
Que BENSAÏD ait enfin renoncé, après 1989, à la conception téléologique de l'Histoire, comme bien des marxistes, n'est pas un mal. Même si, effectivement, cela s'accompagne dans un premier temps d'un grand désarroi et d'une décomposition, encore en cours, de la gauche traditionnelle.
Mais se convaincre qu'il n'y a ni Sens de l'Histoire pré-déterminé, ni Messie salvateur est un pré-requis au réinvestissement de l'utopie et à un engagement pour un autre avenir que celui apparemment inscrit dans un présent éternel.
Cela suppose de tirer des leçons des échecs passés : et c'est en cela que la "mélancolie de gauche" peut être utile. Donc, mieux connaître ces échecs, c'est réinvestir l'histoire de toutes les luttes pour l'émancipation... sans exclusive.
MICHÈLE RIOT-SARCEY : Un autre XIXe siècle
Bien que son objet soit en apparence plus limité, le livre de RIOT-SARCEY m'a davantage intéressé par son caractère plus fouillé. Bien que plus concret, il ne le cède en rien, sur l'aspect réflexif, à TRAVERSO. Il n'est pas indifférent de constater qu'il se réfère également à Walter BENJAMIN. On semble assister à une forme de Benjamin-mania dans l'intelligentsia de gauche, comme on a eu auparavant une Arendt-mania...avec des destins divers, voire contradictoires (voir l'excellente analyse à ce sujet de Justine Lacroix et Jean-Yves Pranchère).
Quoi qu'il en soit RIOT-SARCEY problématise bien cet enjeu d'une réintroduction dans la pensée collective et le débat de toutes les luttes, si souvent défaites, pour l'émancipation : "cela suppose, écrit-elle fort justement (dimension absente du propos de TRAVERSO) , (...) un sérieux retour critique sur le rôle des avant-gardes passées, sur la priorité donnée si longtemps, comme préalable à l'émancipation, à la prise du pouvoir d'Etat. Et surtout, cela implique de comprendre enfin que la liberté ne s'accorde pas ou ne se transmet pas de l'extérieur, mais se conquiert par soi-même." (p 340)
Cipriano MERA "Guerre, exil et prison d'un anarcho-syndicaliste" , Le Coquelicot, traduit de l'espagnol, par le groupe Sacco-Vanzetti de la FA et nommément "Fernando GOMEZ PELAEZ, Fernand GOMEZ (le père et le fils), Sylvie BRODARD-ANDRE",
Préface de Fernando GOMEZ PELAEZ.
2012, 326 p.
J'ai fait la connaissance de MERA en lisant le livre d'Elsa OSORIO sur Mika ETCHEBEHERE, "La Capitana". C'est lui qui la fait libérer des geôles staliniennes en juin 37 à Madrid, alors qu'elle est secrètement emprisonnée pour son engagement auprès du Poum, parti qualifié de "trotskyste" et persécuté depuis les journées de mai 37 à Barcelone.
J'ai ensuite cherché des renseignements biographiques sur ce personnage qui m'est apparu d'emblée comme d'une haute stature morale.
Tout ce que j'ai pu trouver sur lui m'a confirmé dans cette impression.
Mais il me manquait l'essentiel : sa propre parole.
Il faut dire que cet unique livre, publié après sa mort, est difficile à trouver. J'ai ainsi échoué à le trouver dans les rayons de différentes librairies, pourtant susceptibles de l'avoir (Ombres blanches, Floury frères et Terra Nova à Toulouse, Publico à Paris).
Ce n'est que pour ce Noël que l'on me l'a enfin offert, après une commande sur Internet par le site Fnac.com au prix normal (on me dit qu'il était aussi disponible sur Amazon à un prix bien supérieur : ce qui montre bien sa rareté et qu'il est recherché...Avis à l'éditeur !)
Disons d'emblée que MERA n'est pas un grand écrivain. Son récit suit la trame chronologique de mai 1936 à février 1947, en s'appuyant sur ses notes rédigées en camp de concentration en Afrique du Nord entre 1939 et 1940, puis en prison à Madrid entre 1942 et 1946 , revues ensuite en France après 1947, à l'aide de son Journal de campagne.
Un maximum de faits, souvent arides (nombreux noms de personnes, de lieux, de n° de cote géographiques ou d'unités militaires) sont rapportés, avec le minimum de descriptions et de commentaires.
Il faut connaître un minimum la géographie de Madrid et ses environs, ainsi que les événements et les principaux protagonistes de la guerre d'Espagne, et les débats internes du camp républicain, comme du camp libertaire, pour ne pas s'y perdre. Des livres plus généraux comme "La guerre d'Espagne" d'Antony BEEVOR ou "Les anarchistes espagnols" de Edouard WAINTROP n'ont pas été inutiles pour accompagner cette lecture.
Moyennant cela, je l'ai trouvée éclairante et passionnante.
Un anarcho-syndicaliste puritain
J'avoue être fasciné par cette personnalité à la limite de la psycho-rigidité. Dur envers lui-même comme envers les autres, MERA se laisse rarement aller au sentiment.
Il montre bien à l'occasion comme il aime tendrement sa famille, son épouse Teresa, et ses deux fils, restés à Madrid en 1939, dont l'un mourra très jeune alors que son père est exilé en Afrique du Nord, son propre père et tous ses proches. Mais il fait passer le devoir avant tout. Et pour lui le devoir est d'assumer les engagements qu'il prend, d'abord envers son organisation, la CNT, puis envers l'armée républicaine, une fois convaincu de la nécessité d'intégrer les milices à une armée régulière.
Il est très lucide sur les partenaires, et en particulier sur les staliniens (il dit "les communistes"), leurs manoeuvres et leurs limites. Et pour cela il n'a été épargné ni par les légendes, ni par les calomnies.
Inversement, il n'hésite pas à accorder sa confiance à ceux qui ne partagent pas ses idées, pourvu qu'ils fassent leur travail honnêtement et efficacement.
Encore une fois c'est le code moral qui commande. Pour cela, je ne peux que l'admirer.
Un témoignage sans concession
Ce témoignage, écrit après coup, montre bien les contradictions et les défis auxquels sont exposés les anarcho-syndicalistes de la CNT en 1936-39. Militarisation des milices ouvrières, partcipation au gouvernement, relations avec les autres partenaires du camp républicain.
MERA répond à ces défis en fonction de sa situation et de ce à quoi il est confronté. Il tranche, après un dur débat intérieur, mais sans ambiguïté, pour la militarisation. Il ne voit pas l'utilité d'une participation au gouvernement et critique la façon précipitée, au sommet, et sans débat dont la décision a été prise. Il se méfie profondément de l'hégémonisme et des procédés amoraux des communistes staliniens, dont il relève à l'occasion les mensonges ou les hypocrisies. Il fait confiance aux autres partenaires du camp républicain et reste fidèle jusqu'au bout à l'unité antifasciste...Sauf lorsque le mot d'ordre de résistance à outrance est imposé par le gouvernement Negrin, dont les membres par ailleurs préparent leur départ d'Espagne, ainsi que tous les cadres du PCE-PSUC. Il participe alors sans état d'âme au coup d'Etat du colonel Casado à Madrid...mais découvre avec amertume que celui-ci refuse de se donner les moyens de négocier une reddition en position de force (prise d'otages et menaces de faire sauter des installations stratégiques : voir p 235). Il n'y a plus alors qu'à faire retraite dans les meilleures conditions possibles...c'est-à-dire dans un chaos total.
Malgré tous ces déboires, MERA continue à faire bonne figure, que ce soit dans l'émigration forcée en Afrique du Nord française, où il est accueilli dans un camp de rétention; puis dans sa prison madrilène, une fois livré par les autorités de Vichy le 20 février 42. Il y attend la mort, comme bien d'autres, mais il est finalement gracié en janvier 44. Libéré en 1945 de façon progressive, il garde le contact avec la CNT clandestine. Il part finalement pour la France clandestinement en 1947. Là s'arrêtent ces mémoires.
Il y est mort en 1975, quelques mois avant la mort de Franco, contre lequel il ne renonce jamais à mener la lutte, y compris armée, en aidant les Jeunesses Libertaires, ce qui lui vaut en 1965 son exclusion de la CNT.
Il avait repris son travail de maçon.
Une illustration de l'impasse militaire
Malgré la fascination, il faut dire à quel point le chemin choisi a été une impasse. Non seulement Franco n'a pas été vaincu militairement, mais la militarisation a favorisé au sein du camp républicain les pires ennemis de la révolution.
Le tropisme personnel de Mera qui le poussait à la prise de responsabilités militaires au plus haut niveau (il aurait fait sans doute un excellent soldat de carrière) l'a certainement aveuglé sur ce point.
Donc, son témoignage ne peut qu'alimenter notre mélancolie de gauche sur une révolution vaincue et détruite. C'est seulement en 2011 avec "los indignados" que la vieille tradition libertaire espagnole se réveille enfin. Il lui reste à trouver un débouché politique plus convaincant que "Podemos": cela fait partie du chantier qui s'offre aux nouvelles générations.
Michel RAGON Un XXe siècle occulté
Je me suis souvenu de ce roman, lu il y a longtemps mais toujours présent dans ma bibliothèque. Il présentait, à l'époque où ce n'était pas encore à la mode, l'histoire du mouvement anarchiste à travers un personnage fictif traversant tous les grands événements du XXe siècle : de la "Belle époque" française à l'après-Libération, en passant bien sûr par la Révolution russe, le Front populaire et la guerre d'Espagne.
Il y est notamment question de ce personnage qui fascina ma jeunesse : Louis LECOIN.
Louis LECOIN La fidélité anarchiste et pacifiste
J'ai découvert récemment chez un bouquiniste cette première version de l'autobiographie de LECOIN (la seconde, plus connue, "Le cours d'une vie", est parue en 1965).
J'avais découvert LECOIN par son mensuel "Liberté" en 1969-1970 à la Bibliothèque Municipale de Rodez, lieu magique de toutes mes découvertes adolescentes.
J'ai ainsi appris qu'il fut à l'origine du statut des objecteurs de conscience en France en 1963. Statut qui m'intéressait, en bon pacifiste et antimilitariste, mais que je n'ai finalement pas utilisé, étant devenu entre-temps un révolutionnaire marxiste de la tendance maoïste : il fallait faire son service militaire pour pouvoir prendre les armes, le moment venu, contre la bourgeoisie...
Mais LECOIN c'était beaucoup plus que cela. D'abord la proposition de loi pour un désarmement nucléaire unilatéral de la France en 1970, dont je fis la promotion en diffusant son texte autour de moi.
Et puis, comme je le découvris plus tard, plus de 50 ans de militantisme anarchiste et pacifiste, commencé au printemps 1906 à Paris avec une grève des ouvriers jardiniers menée dans le cadre d'une CGT où l'on ne répugnait pas à "l'action directe" ("Ah ! Que de cloches brisées, de serres dont les vitres tombèrent en morceaux.", p 28).
Le grand moment de vérité, et la première heure de gloire de LECOIN, c'est le refus persistant qu'il oppose durant toute la guerre de 14 à rejoindre l'armée et à porter l'uniforme. En cela il agit de façon conséquente avec tous les engagements pris antérieurement par le mouvement anarchiste, et la CGT où il jouait le premier rôle.
De fait, LECOIN, déjà condamné lorsqu'il fit en 1910 son service militaire pour avoir refusé de casser la grève des cheminots (six mois de prison), va passer 12 ans de sa vie dans les geôles, tantôt pour propagande anarchiste, tantôt pour refus d'obéissance ou défaitisme. Il en tire d'ailleurs un parti pris raisonné pour l'abolition des prisons : "Ce dont je suis sûr, c'est que la prison n'amende point le prisonnier. Tout au contraire." (p 251)
Ce que je découvre surtout, en lisant ce récit, c'est une galerie de portraits qui me renvoient pour certains au "Maîtron" : "Les anarchistes -dictionnaire biographique du mouvement libertaire francophone, L'Atelier-poche, 2015, 862 p."
Et cette lecture me renvoie aussi à ce qui fut pour moi, en ces mêmes années 1969-1970 de ma prime adolescence, une lecture fondatrice.
Charles FRAVAL La déconstruction du mythe nationaliste-guerrier
Un auteur mystérieux et méconnu, dont le livre s'est retrouvé entre mes mains à la faveur d'une fouille dans la maigre bibliothèque de mes grand-parents maternels. Curieusement, ce livre était le seul dédicacé. Et il était dédicacé à mon arrière-grand-père, "A Monsieur Sirvins, en toute sympathie, Charles Fraval", écrit d'une plume vigoureuse.
Cela seul commandait la lecture. Et quelle découverte ! L'auteur fustigeait les fauteurs de guerre et dénonçait les traîtres à l'internationalisme prolétarien. Pour lui, les trois grandes figures de la "Grande guerre" (qui n'était pas encore la Première guerre mondiale) étaient Jaurès, Lénine et Liebknecht.
Il me fit découvrir un tout autre horizon que celui des journaux pieusement conservés sur ce grand conflit (collection du "Miroir", ancêtre de "Paris Match", basé sur les photos légendées).
Ainsi, la guerre de 14-18 n'était pas la guerre du Droit contre la force, mais celle d'intérêts impérialistes, en l'occurrence ceux de l'Angleterre, concurrencée sur le plan économique par l'Allemagne, et de l'Allemagne désireuse d'avoir sa part du gâteau colonial, les autres protagonistes ne jouant que le rôle de comparses pour des intérêts territoriaux. Le mouvement ouvrier, dominé par la bourgeoisie ou tétanisé par la peur, avait renoncé à défendre les vrais intérêts ouvriers en se ralliant très majoritairement à la guerre. Seuls quelques grands intellectuels, Romain Rolland pour la France, Stefan Zweig pour l'Autriche-Hongrie, avaient choisi de se placer "au-dessus de la mêlée" en dénonçant cette "guerre contre la civilisation".
Ce livre sans concession marqua durablement mon esprit. Avec au passage l'hommage appuyé aux quelques dissidents qui sauvèrent l'honneur ouvrier et humanitaire : dans le mouvement syndical, Pierre MONATTE, dont la grande personnalité m'accompagne toujours, MERRHEIM , leader de la fédération des métaux de la CGT, BOURDERON, de la fédération des tonneliers; au parti socialiste SFIO, RAFFIN-DUGENS, Alexandre BLANC et BRIZON; et FRAVAL détaille les débats internes à la CGT et à la SFIO durant toute la guerre. Mais il parle aussi des débats au sein des anarchistes, où certains leaders historiques, dont Jean GRAVE, Pierre KROPOTKINE et Charles MALATO signent un manifeste , dit "des seize", en faveur des Alliés en 1915; contre l'avis de Sébastien FAURE et d'autres militants...et l'attitude de Louis LECOIN, refusant d'endosser l'uniforme, et condamné pour cela à 6 ans et demi d'emprisonnement : "On peut critiquer le geste isolé et négatif de Lecoin. Tout homme juste, quelles que soient ses convictions personnelles, doit reconnaître dans la manifestation virile (sic) d'une volonté inflexible, les signes certains de la grandeur." (p 170)
Hamid SULAIMAN La confirmation syrienne
Ce très beau roman graphique en noir et blanc est l'oeuvre d'un plasticien, architecte de formation, né à Damas en 1986, qui a fui la Syrie en 2011 et est désormais réfugié politique à Paris.
"Ce livre est dédié à Hussam Khayat (1989-2013), l'ami avec lequel je marchais pendant les manifestations de Damas, l'ami qui a été torturé à mort en prison par la police secrète syrienne."
Il ne prétend pas "être neutre" ni "décrire l'exacte réalité", "mais il fallait qu('il) crie tout ce qui était resté coincé dans (s)a gorge depuis le début de la révolution" (Postface, datée de février 2016, p 287)
Mais ce mélange de réalité et de fiction a le parfum de vérité que seules dégagent certaines oeuvres d'art.
Cette vérité est celle de l'asphyxie progressive de la révolution par la guerre à travers la prolifération des monstres opposés du régime assadien et ses alliés et du djihadisme.
Mais de la survie de ses idéaux à travers les survivants peu à peu condamnés à l'exil, à la marginalisation ou à la clandestinité.
La vérité c'est que les traumatismes subis mettront longtemps à s'effacer, mais que le feu continue à couver sous la cendre. Car on ne tue jamais définitivement le besoin de dignité et de liberté.
Notre mélancolie ne comporte ni pardon ni oubli pour les tortionnaires et tous leurs complices, mais pas non plus d'obsession revancharde, juste la certitude que le printemps refleurira. Et que nous ou d'autres repartiront à l'assaut de l'oppression avec l'élan de l'aspiration à une vie libre pour tous. Et d'une paix qui ne soit pas celle des cimetières.