Syrie : quand "Golias" copie "l'Huma"...

Publié le par Henri LOURDOU

Confusionnisme sur la Syrie :

Quand "Golias" copie "l'Huma"

 

Je tombe sur le n°457 de "Golias hebdo" ("L'empêcheur de croire en rond", organe des catholiques "critiques" de gauche) du 1er-12-16.

Un bandeau- de "une" annonce : "International > De Mossoul à Alep : les enjeux d'une guerre."

Ce bandeau est repris p 12-13 par un article de Martine Sevegrand intitulé : "De Mossoul à Alep : les enjeux complexes (c'est moi qui souligne) d'une guerre."

Outre ce titre qui commence un peu à inquiéter, le "chapeau" de l'article annonce déjà une volonté de nous dévoiler des "vérités cachées" : "La diversité des forces qui combattent les jihadistes et leurs intérêts divergents aussi, n'est pas assez soulignés (sic) dans nos médias."

C'est déjà nous dire de nous apprêter à retenir nos indignations et à suspendre nos condamnations.

 

Comment "noyer le poisson"

L'article commence par établir la très forte implication des Etats-Unis dans la reprise en cours de Mossoul à Daech : "La coalition conduite par les Etats-Unis ne se contente pas de bombarder Daech, elle fournit armes et entraînement aux combattants locaux, et, de surcroît, le renfort de quelques milliers d'hommes. Des GI's ont été vus dans la région et, le 20 octobre, un soldat américain a été tué (...) Notons aussi que Washington a écarté la Russie de cette offensive. A chacun sa chasse gardée ?"

Ainsi est tracé un cadre pour la suite : toute intervention russe doit être dorénavant jugée à la lumière de cet interventionnisme premier des Américains.

Deuxième élément de cadrage : l'existence d'accords entre Turquie, Iran, Russie et Etats-Unis pour se partager les territoires disputés en Syrie.

Le cas de la ville d'Al-Bab est mis en avant comme un exemple du double jeu de la Turquie face à Daech. La raison étant sa volonté de s'opposer à la constitution d'une zone kurde continue tenue par le PYD (nom pris par le PKK en Syrie). "l'armée turque (250 chars et 5 500 soldats) s'est donc arrêtée à quelques km d'Al-Bab (tombée aux mains de Daech depuis novembre 2013), sur un front de 30 km de long. Ainsi, loin des discours enflammés destinés à l'ONU et à l'opinion, des accords, admis par toutes les parties (c'est moi qui souligne), sont conclus discrètement et sont appliqués sur le terrain."

Quant à Raqqa, qui "reste le grand bastion de l'organisation jihadiste", la préparation de sa reconquête par une "coalition arabo-kurde qui bénéficie du soutien de Washington" laisserait à l'écart Turquie et Russie. Conclusion : "Une collaboration russo-américaine ne serait-elle pas préférable ?"

Comment inverser les rôles

Et Alep ? (Enfin on y vient !) "Il semble que (sic : ce n'est donc pas si sûr ?) la configuration politique n'est pas la même qu'à Mossoul ou Raqqa car, à Alep-Est, les "rebelles" (vous noterez ces guillemets: les mêmes que dans les articles de "l'Huma"...) qui résistent sont (ici plus de conditionnel : une affirmation franche et sans complexe, mais basée sur quoi ?) des combattants du Fatah al-Sham, ex- al-Nosra, ex-al-Qaïda. Et le regard des puissances occidentales est tout autre sur cette organisation pourtant classée terroriste (...) Ces jihadistes deviennent donc des résistants.Toutes les informations qui nous parviennent ne cessent de rendre hommage à ceux qui résistent à Alep-Est, sans se demander si les civils qui ne parviennent pas à s'enfuir par les couloirs humanitaires (mais où Martine Sevegrand les a-t-elle vus en-dehors de la propagande russo-assadienne ?) ne sont pas pris en otage. Derrière tout cela, il y a un choix politique : combattre Assad plutôt que les jihadistes."

Hé bien, disons-le, il y a aussi un choix politique dans cet article : combattre les jihadistes plutôt qu'Assad.

Et nous ne saurions partager ce choix, car il conduit à considérer Assad et tous les régimes autoritaires qui le soutiennent (Iran et Russie) comme des alliés.

Ceci alors qu'ils sont à la source de l'essor du jihadisme (voir la Tchétchénie et le "bon boulot" qu'y a effectué Poutine : relisez-donc Anna Politkovskaïa).

Et alors que le principal ennemi qu'ils combattent et veulent anéantir par tous les moyens est l'aspiration des peuples à la liberté, à l'égalité des droits et à la démocratie.

Mais de cela, il n'est jamais question pour ces adeptes de l'anti-impérialisme et de l'anti-sionisme restés bloqués sur une vision datant des années 70.

Martine Sevegrand et ses amis devraient se mettre un peu à l'écoute des Syriens exilés pour comprendre ce qui s'est passé dans ce pays en 2011...

Au lieu de cela, ils ajoutent à la confusion ambiante en surfant sur le racisme postcolonial et l'islamophobie, réactivés et réalimentés par les attentats.

Ce qui pour des "progressistes" n'est pas le moindre des paradoxes...

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