Congrès EELV du 11 juin à Pantin : et après ?

Publié le par Henri LOURDOU

C Duflot et D Cormand viennent d'arriver. A la tribune un orateur tente de se faire entendre.
C Duflot et D Cormand viennent d'arriver. A la tribune un orateur tente de se faire entendre.

C Duflot et D Cormand viennent d'arriver. A la tribune un orateur tente de se faire entendre.

Congrès EELV du 11 juin à Pantin : et après ?

( ou : Ce n'est qu'un début, continuons le combat !)

C'était mon premier congrès EELV : j'avais bien participé à une AG fédérale des Verts (Saint-Brieuc, 1991), mais jamais à un congrès, procédure instituée ensuite pour "favoriser la participation des adhérents" par la mise en place préalable d'AG décentralisées.

Nous étions donc 400 délégués désignés par les AG décentralisées du 28 mai, sur la base des motions d'orientations nationales.

La forme

Je suis choqué par le manque d'écoute des orateurs de la tribune (déjà constatée lors des différentes "Journées d'été") mais qui me semble prendre une dimension exponentielle.

Et pourtant, la journée avait bien commencé pour moi, avec une séance de méditation, organisée par la motion "Tic tac" dans le petit parc en face du gymnase où se tenait le congrès.

Nous avions, à une vingtaine, "ouvert nos chakras" et mobilisé nos énergies positives en nous reconnectant à la Terre et au cosmos.

Las, après une matinée paisible de réunions parallèles des 5 motions, et un repas tranquille pris dans une petite brasserie du coin avec 3 autres délégué-es d'une autre motion de Midi-Pyrénées, j'ai dû accepter en début d'après-midi de passer pour un hystérique et me faire traiter de "vieux con".

En effet, je suis intervenu vertement pour faire cesser une séance de pose photo d'un groupe en état d'ébriété narcissique devant la tribune, au moment-même où un orateur essayait de se faire entendre dans le brouhaha général, et après plusieurs vaines demandes de la tribune aux perturbateurs de bien vouloir aller discuter ailleurs.

Un photographe outré m'a même quasiment menacé en me disant d'un ton comminatoire et de façon répétée : "Tu ne me parles pas comme ça !" Ce à quoi je n'ai bien entendu pas répondu. Moyennant quoi tout ce beau monde a fini par se disperser. J'ai senti la gêne autour de moi, mais je n'ai pas épilogué...

Le corollaire de cela est l'attitude de la presse (photographes et cameramen) qui se précipitent comme un seul homme sur les "personnalités" (C Duflot et D Cormand) arrivés en cours de débat et qui s'installent au 1er rang (j'étais au 2e : voir mes photos), alors que quelqu'un intervient à la tribune dans leur totale indifférence. Jean Desessard remercie l'orateur en disant "tu avais même les caméras, mais je ne suis pas sûr qu'elles étaient tournées du bon côté". J'aime bien son humour.

Le fond

Ainsi ce congrès se vide de toute substance : les gens qui interviennent, parfois intelligemment et de façon convaincante, et que j'ai pour ma part fait l'effort d'écouter, ne pèsent en rien sur des votes déjà acquis à la suite de tractations entre quelques dirigeants.

De fait, ce sont les dirigeants des deux motions arrivées en tête aux AG décentralisées (la A : Ecologie en Commun, 23,89%, et la D : Réinventer-Horizon 2025, 34,90%) qui ont négocié le matin, avec la caution de leurs délégué-es, un "pacte majoritaire" basé sur beaucoup de non-dit et pas mal d'hypocrisie.

Si j'avais à les qualifier d'un mot, je parlerais des "faux indignés" d'EEC et des "faux malins" de Réinventer (ces appellations s'appliquant bien sûr aux dirigeants de ces deux motions, non à ceux qui les ont soutenu de bonne foi).

Le non-dit du pacte majoritaire : On va tâcher de sauver les sièges de nos députés et sénateurs sortants "les plus méritants"(= ceux qui font partie de cette majorité) tout en prétendant ne passer aucun accord avec le PS honni. Dans cette perspective, il est bien sûr plus opérant de pousser hors du parti le maximum de parlementaires pas assez sûrs. Malgré ces beaux efforts, on doit tout de même déplorer que 7 députés et sénateurs sortants aient tout de même soutenu les 2 motions majoritaires : et j'ai bien peur que nous n'arrivions à sauver tous ces sièges. Certain-e-s devront se sacrifier : sur quels critères ? Cela fait partie du non-dit...

Les hypocrisies du pacte majoritaire : La plus évidente est bien sûr qu'on affiche une rupture totale avec le PS, tout en continuant de gérer avec lui des exécutifs locaux, et en envisageant de négocier avec lui le sauvetage de certains de nos sièges parlementaires.

Mais la seconde hypocrisie est qu'on affiche un semblant d'autocritique sur notre fonctionnement interne et notre expression externe, en disant qu'on va instituer un fonctionnement plus collégial, en "rénovant nos pratiques". Mais on reprend les mêmes dirigeants qui ont cautionné ces pratiques anciennes, tous ligotés par des liens d'intérêt personnel dans "l'appareil du parti".

Face à ce "bal des hypocrites", deux approches se sont affirmées :

-Celle qui demande à nos dirigeants de s'en tenir à ce qu'ils proclament : la rupture totale et définitive avec le PS.

-Celle qui demande au contraire d'assumer totalement et de façon cohérente et lisible les deux aspects de "l'autonomie contractuelle" définie comme notre stratégie depuis le début des années 90. "Autonomie" chaque fois que possible (les candidat-e-s écologistes aux élections font parfois défaut : chaque fois que j'ai été candidat (à 6 reprises) pour les Verts ou EELV, cela a été "par défaut", personne d'autre ne se proposait... Et nous avons dû parfois localement accepter des candidat-e-s qui se sont révélé problématiques...). Mais "contrat majoritaire" chaque fois que nécessaire : avec un relevé clair et transparent des points de convergence et de divergence avec nos partenaires, garantissant notre autonomie au sein d'une majorité.

Cette seconde approche est celle de la motion C "Europa" (16,80%) que j'ai soutenue.

Dans la 1e approche, on retrouve les motions B 'L'imprévu" (16,92%) et E"Tic tac"(7,49%).

"L'Imprévu" mettant aussi l'accent sur la nécessité de réaffirmer plus clairement nos fondamentaux écolos. "Tic tac" mettant l'accent sur la démocratie interne et la nécessité de faire une place à toutes les minorités par la pratique de la "démocratie inclusive".

Il va de soi que je me reconnais à la fois dans ces deux accents, et dans la 2e approche.

Continuer le combat

Il y a donc possibilité, et j'ajouterai même nécessité, d'une convergence entre "Europa, "l'Imprévu" et "Tic tac" et les militants de bonne foi du "pacte majoritaire" sur les questions de fonctionnement et de démocratie interne.

Par contre la question de la stratégie politique laisse "Europa" seule face au vrai défi qui est le nôtre : empêcher une défaite totale des gauches et des écologistes en 2017.

Défi non relevé par aucune des autres motions qui acceptent implicitement d'abandonner la France aux mains de la Droite et de l'Extrême-Droite en 2017.

Un abandon que nous n'acceptons pas.

Cala passe par des initiatives de rassemblement de toute la gauche écolo-compatible et des écologistes pour construire une nouvelle majorité.

Une candidature Hulot pourrait être à cet égard, face au blocage des appareils PS, EELV et Front de gauche sur la primaire, un facteur décisif.

A condition de construire les conditions d'une majorité parlementaire pour le soutenir. Cela suppose de bousculer les appareils et de soutenir loyalement Nicolas s'il se lance dans l'aventure.

Nous y sommes prêts.

Publié dans Verts et EELV

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