Donna LEON Les enquêtes du commissaire Brunetti

Publié le par Henri LOURDOU

Donna LEON Les enquêtes du commissaire Brunetti

Donna LEON

Le cantique des innocents

2007, traduit de l'anglais (États-Unis) par William Olivier Desmond

Points policiers n° 2525, 2011, 341 p.

Brunetti et le mauvais augure

2010, traduit de l'anglais (États-Unis) par William Olivier Desmond

Points policiers n° 3163, 2014, 331 p.

 

 

Je suis la série des enquêtes vénitiennes du commissaire Brunetti depuis plusieurs années. Je me suis efforcé de les  lire dans l'ordre de parution, depuis la première qui date des années 1990. Celles-ci sont mes dernières lectures (j'ai pris pas mal de retard...).

J'ai donc vu la société italienne évoluer à travers ce personnage récurrent, policier féru de culture classique, et ses proches : son épouse, fille de banquier, ex-communiste et enseignante de littérature anglaise à l'université, ses deux enfants adolescents reflétant eux aussi l'époque. L'aîné, d'abord altermondialiste, puis revenu de la politique, la cadette écolo à tendance végétarienne.

 

Dans "Le cantique des innocents", Brunetti est confronté à la GPA (Gestation Pour Autrui) à travers le cas d'un médecin pédiatre estimé de tous, mais stérile comme son épouse. On y voit bien que, malgré l'empreinte très forte du catholicisme en Italie, devant un cas concret les préjugés théologico-idéologiques s'effacent au profit de la recherche du bonheur de l'enfant.

Dans ce même roman, on perçoit également le profond écoeurement des Italiens face à une classe politique corrompue et inefficace. Paola, l'épouse de Brunetti, allant jusqu'à dire qu'elle commençait à approuver les arguments de la Ligue du Nord contre la gabegie de l'argent public. Mais ceci avant que cette même Ligue arrive au pouvoir avec le fameux Salvini... J'attends de voir ce qu'elle en dira dans les épisodes plus récents.

 

Dans "Brunetti et le mauvais augure", il est question de l'abus de faiblesse des charlatans des médecines parallèles sur des femmes âgées. Mais également du ravage des préjugés homophobes.

Fait récurrent, les enquêtes de Brunetti aboutissent difficilement, ou n'aboutissent pas une foi les faits pourtant établis. Ceci en raison des pressions des pouvoirs établis et du manque de courage et de probité de sa hiérarchie.

Autre remarque que je me suis faite : le féminisme de Paola ne va pas jusqu'à remettre en cause son monopole absolu de la cuisine. Son très libéral mari se contente imperturbablement, et sans aucun état d'âme, de mettre les pieds sous la table et d'apprécier ses bons petits plats sans mettre le petit doigt dans leur conception ou leur préparation...et cela n'a pas l'air de la gêner. Son travail à la fac est visiblement considéré comme un travail d'appoint, et non un métier à part entière...Le féminisme a encore du chemin à faire en Italie.

Mais je suis séduit, je l'avoue, par ces Vénitiens allergiques à l'automobile qui ne se déplacent qu'à pied ou en vaporetto...et prennent le train pour aller en vacances dans le Haut Adige; par la bienveillance tranquille de Brunetti et son intégrité, par son goût du vin , du café, et sa gourmandise, par son goût des livres et son attirance prudente pour le numérique, par son culte de l'amitié et son amour inentamé pour son épouse et absolu pour ses enfants.

Une série pour moi culte, aux côtés du Bernie Gunther de Philip Kerr et de l'inspecteur Chan de Qiu Xiaolong.

Publié dans Europe

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