Emily BRONTE Les Hauts de Hurle-Vent

Publié le par Henri LOURDOU

Emily BRONTE Les Hauts de Hurle-Vent

Emily BRONTË

Les Hauts de Hurle-Vent

(Traduction de Frédéric Delebecque, Editions de Fallois 1995,

Les Classiques de Poche n° 105, Le Livre de Poche, septembre 2010, 416 p avec une préface de Michel Mohrt et des commentaires de Raymond Las Vergnas de 1984.)

 

 

Voici donc l'unique roman écrit par la deuxième des soeurs Brontë, et qui est devenu le plus fameux, de par sa réputation sulfureuse. Dans ses commentaires concernant la réception du livre, Raymond Las Vergnas nous apprend qu'il ne dut sa parution qu'au succès du "Jane Eyre" de sa soeur aînée Charlotte, et qu'il "provoqua des réactions très vives et parfois extrêmement hostiles" (p 409). En cause, son "immoralité", l'étrangeté de la méthode narrative et la crudité du langage.

On touche là bien sûr à l'extrême pudibonderie du victorianisme en plein essor et à son culte de la norme.

Cette pudibonderie soi-disant chrétienne s'exprime encore plus fort Outre-Atlantique, où elle est à la mesure d'un engouement symétrique, "nettement plus marqué que dans la nation mère" (p 410) : dès cette époque les États-Unis sont une terre de contrastes.

Par la suite, le roman retrouve sa place en Angleterre grâce au soutien des écrivains d'avant-garde du XXe tels que Virginia Woolf ou E.M. Forster. Il a par ailleurs un succès mondial, et notamment français, non démenti à ce jour.

 

Qu'est-ce qui entraîne ainsi le lecteur ? Indéniablement une forme de "fascination du Mal" qui parcourt tout le livre avec son histoire de vengeance au long cours. Mais surtout le procédé narratif utilisé, avec son double narrateur-témoin, dont aucun des deux ne brille par son recul sur soi-même, et qui participent par là-même, par leurs maladresses répétées, avec ce qu'on perçoit comme une jubilation de l'auteur, à la mécanique du Mal.

Le lecteur est sans cesse indigné par la bonne conscience de la narratrice principale, ce qui relance à chaque fois son intérêt à chacune de ses bévues qui alimente les rebondissements de l'histoire.

Cela dit, tant "l'immoralité" que la "crudité" du langage ne nous choquent guère : on a lu et vu bien pire depuis un siècle et demi !

Et la fin heureuse de l'histoire met une touche fleur bleue bienvenue...

Publié dans Histoire

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article