Que penser du discours dominant sur l'immigration ?

Publié le par Henri LOURDOU

Que penser du discours dominant sur l'immigration ?

 

Ainsi, E Macron sort enfin du discours hypocrite d'une certaine Gauche sur l'immigration : il consistait à minimiser le problème en faisant une distinction entre réfugiés politiques (qu'il faudrait accueillir dignement) et migrants économiques (qu'il conviendrait de refouler sans état d'âme).

L'hypocrisie consistait à faire semblant de croire que la distinction entre les deux serait facile, et surtout que le droit d'asile aurait une légitimité bien supérieure à la simple recherche d'une vie meilleure.

 

On sait que cette distinction réfugiés/migrants économiques est le fondement officiel de la politique migratoire de l'UE. Car le seul texte international sur les migrations ratifié par tous ses Etats membres est la convention de Genève de 1951 sur le droit d'asile.

 

Or elle aboutit aux différents effets pervers suivants :

-Un détournement de la procédure de demande d'asile par les migrants économiques

-Un tri impossibles entre vrais demandeurs d'asile et migrants économiques

-Une politique de fermeture des frontières pour dissuader les seconds qui affecte tout autant les premiers

-Un encouragement de fait aux passeurs clandestins et à tous les trafics et traitements inhumains et dégradants associés à ces trafics

-Ces dernières années, une utilisation du statut de mineur pour être admis dans un pays d el'UE au titre du droit des enfants (Convention Internationale des Droits des Enfants).

 

Malgré tous les obstacles érigés pour dissuader les migrations des pays pauvres vers l'UE (refus de visas; accords avec les pays de transit -Turquie, Maroc, Libye; suspension puis interdiction des sauvetages en Méditerranée) les flux d'arrivée ne sont toujours pas taris.

"Le cadre financier pluriannuel de l’UE prévoit actuellement d’affecter 21 milliards d’euros au contrôle des frontières et seulement 10 milliards pour l’accueil et l’intégration des personnes migrantes."(Politique migratoire Européenne : l’enjeu de faire humanité", motion adoptée par le Conseil fédéral des 22-23 septembre 2018 d'EELV)

Et donc, après avoir évité en 2015 les flux massifs qui ont touché l'Allemagne, la Suède et d'autres pays de l'UE (Malgré l'augmentation en 2015 du nombre de demande d'asile de 22%, la France est très loin des 60 à 80% des autres grands pays d'accueil; de plus son taux d'acceptation des demandes est plus bas qu'ailleurs) notre pays serait aujourd'hui le seul où les demandes d'asile continuent d'augmenter.

 

Par ailleurs, l'opinion française est de plus en plus hostile aux immigrés, de plus en plus soupçonnés de ne pas vouloir s'intégrer...

 

Il n'en a pas fallu davantage à notre jupitérien président, un peu ébranlé par l'épisode des "Gilets jaunes", pour changer complètement son fusil d'épaule : il ne sort de l'hypocrisie "humaniste" que pour endosser l'hypocrisie raciste en se transformant en émule de Le Pen.

 

Le journaliste Claude Askolovitch a bien résumé cette nouvelle posture :

"Cette saleté dit ceci:

  1. L'amour de l'étranger est un truc de nantis;

  2. Seuls les richards tolèrent l'immigration, car ils ne la vivent pas dans leurs quartiers protégés. «Les bourgeois de centre-ville, eux, ils sont à l'abri!», a dit le président;

  3. Connaître l'immigration, c'est forcément la haïr;

  4. Le peuple la connaît, lui, la subit dans ses rues et conséquemment la hait;

  5. Le peuple hait l'immigration, il en devient fou et il en vote mal;

  6. Il faut alors suivre le peuple pour le ramener au bon vote, et avoir la main dure contre l'immigration;

  7. Sinon on est un bourgeois, un naïf, égaré de bons sentiments ou de mépris social, et qui préfère le métèque au populo de chez nous. "

http://www.slate.fr/story/181818/son-tour-macron-sabaisse-instrumentaliser-limmigration?fbclid=IwAR3GgllLc1DfoYgU1R5JTyXZyZwkRaZN_ydifvKM--Ct_o2jGSS3nipegjE

 

De fait tout le texte d'Askolovitch est à lire et j'en partage le moindre mot.

 

Cela dit, au-delà de l'indignation, nous avons à reconquérir une opinion qui part à la dérive en rappelant cette réalité : nous devons nous préparer à accueillir un nombre croissant d'exilés car notre monde est ainsi fait que les migrations vont se multiplier et qu'il faudra partager les ressources limitées de notre planète que notre partie du monde privilégiée a accaparées depuis deux siècles.

Il n'y a pas d'autre chemin de progrès pour l'humanité que l'égalité et l'universalité des droits.

Une seule planète = une seule humanité = solidarité mondiale.

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