Quel avenir pour EELV ?

Publié le par Henri LOURDOU

Quel avenir pour EELV ?

 

Notre secrétaire national David Cormand écrit aux adhérents avant le Conseil Fédéral des 22-23 juin 2019 :

"Pour finir, je voudrais attirer notre attention sur un double péril qui pourrait ralentir dans les mois et les années qui viennent le développement de l’offre politique que nous incarnons.

 

Le premier écueil serait de réduire l’écologie politique à une partie de la pensée de la Gauche traditionnelle d’inspiration marxiste. Je le dis le plus simplement possible: L’écologie n’a pas d’avenir si elle ne se considère que comme la partie d’un tout qui la dépasserait. Et d’ailleurs, j’ajouterai que « la Gauche » n’a pas d’avantage d’avenir si elle n’est pas supplantée par l’écologie politique en tant que nouveau paradigme... L’écologie politique est un projet et une offre politique complète, opérationnelle et plus pertinente que ce qui a été l’offre de Gauche depuis plus d’un siècle. De ce point de vu, je souhaite exprimer mon désaccord avec deux textes qui ont été signés par une partie d’entre nous: Le texte « Convergeons » et un autre, dont j’ai oublié le titre, initié par Ronan Dantec. 

Ces deux textes visent une nouvelle fois à réduire l’enjeu stratégique de l’écologie à devoir choisir comme perspective entre la gauche radicale, pour le premier texte, ou la sociale-démocratie, pour le second… Cette alternative était déjà une impasse hier. Elle l’est encore d’avantage aujourd’hui. Il convient enfin de nous définir et de nous affirmer par rapport à ce que nous sommes et ce que nous voulons faire et non plus par rapport à des imaginaires politiques que nous devrions continuer de considérer comme nous étant supérieurs.

 

Le deuxième écueil complète et nuance le paragraphe précédent. Ce serait celui de la tentation du replis identitaire. La tentation de ne rien changer. De continuer de nous voir comme un simple contre-pouvoir. Assurer le leadership de l’écologie politique dans le champ politique humaniste ne pourra se faire en nous coupant du monde. L’affirmation n’est pas le sectarisme. L’autonomie n’est pas l’isolement.

Nous devons donc entrer dans un nouveau cycle qui doit nous permettre d’accueillir et de construire une nouvelle force avec celles et ceux qui ont compris ou sont en train de comprendre que l’écologie politique est le projet politique qui permet de répondre positivement aux enjeux des temps qui viennent.

 

Ainsi, je me permets d’alerter sur la tentation de ne pas nous appuyer sur la dynamique des élections européennes pour changer notre Parti et construire une maison commune plus grande, plus solide, plus apte à nous placer à la hauteur de nos ambitions.

La politique c’est le mouvement. Rester statique, c’est prendre le risque de ne pas répondre à l’attente qui repose désormais sur nos épaules."

 

Ce texte, sous couvert d'éviter de nous noyer dans "la Gauche traditionnelle d'inspiration marxiste", (ce qui est une juste préoccupation que je partage totalement depuis longtemps) fait en réalité l'impasse sur la question des alliances.

En parlant de "supplanter" la "Gauche" en "tant que nouveau paradigme", David Cormand fait une confusion majeure entre "Gauche d'inspiration marxiste" et "Gauche" en général, qui constitue un ensemble beaucoup plus vaste et plus englobant. De ce point de vue, "l'écologie politique" fait intégralement partie de la "Gauche" et peut y imposer son "nouveau paradigme" sans y perdre son âme... La rupture avec le productivisme/consumérisme est tout-à-fait compatible avec les valeurs qui définissent la Gauche : justice et progrès. Et c'est plutôt l'écologie politique qui doit clarifier son projet politique par rapport à des visions de Droite de l'écologie qui s'affirment à travers "l'écologie intégrale" des cathos intégristes ou l'écologie national-populaire du RN.

Loin de se penser comme le nouveau Centre du monde politique, ce que suggère l'expression "champ politique humaniste" qui exclurait l'opposition Droite/Gauche, EELV doit s'affirmer comme la force motrice d'une nouvelle Union des Gauches à vocation majoritaire, allant de la frange non-sectaire de LFI à l'aile gauche en rupture de LREM : un travail qui suppose une grande clarté stratégique à l'intérieur d'EELV, et donc un usage des mots plus rigoureux que celui de notre secrétaire national, avec tout le respect que nous lui devons.

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