Désarmement nucléaire progressif et négocié ou retour aux vieilles lunes nationalistes ?

Publié le par Henri LOURDOU

Désarmement nucléaire progressif et négocié

ou retour aux vieilles lunes nationalistes ?

 

Prenons encore une fois la peine de préciser que je n'ai rien personnellement contre Jean-Luc Mélenchon, mais que par contre je suis bien obligé de constater de graves désaccords avec ses prises de position politique.

C'est le cas en ce qui concerne sa dernière tribune dans "Le Monde" daté 23 et 24-9-18, co-signée avec le député LFI de Seine Saint-Denis, Bastien Lachaud, et intitulée : "L'Allemagne vise-t-elle une hégémonie en Europe ?"

Car si l'analyse d'un poids excessif de ce pays dans les institutions européennes relève bien d'un constat de fait, les conclusions que les auteurs de cette tribune en tirent me semble éminemment contestables.

En effet, ils mettent en cause la volonté supposée de l'Allemagne de partager avec la France ses armes dites de dissuasion nucléaire. Ce qu'évidemment on ne peut que contester. Mais ils n'en déduisent absolument pas, comme on aurait pu s'y attendre, que c'est une raison de plus de soutenir le processus de ratification du Traité d'Interdiction des Armes Nucléaires en cours à l'Onu.

Tout au contraire, ils nous ressortent le vieux slogan de "l'indépendance nationale", que l'on ne peut comprendre, étant donné leur silence sur la question du désarmement, que comme la volonté de préserver "NOTRE" force de frappe.

Interpelé par ce silence, je suis retourné au programme présidentiel de la France Insoumise, "L'avenir en commun", e t j'y ai cherché vainement toute allusion à quelque processus que ce soit de désarmement nucléaire. Le § 55, consacré à la défense, tout comme le § 54 consacré à la diplomatie, ne contiennent ni l'un ni l'autre la moindre allusion à un tel processus.

Ces deux § sont tous les deux placés sous l'idée de restaurer ou instaurer l'indépendance nationale de la France, autrement dit dans une logique purement nationale qui tourne le dos à toute idée de démocratisation des institutions supranationales, comme si la démocratie ne pouvait exister que dans le cadre national, cadre indépassable et comme éternel...qui s'appuie sur une vision commune avec celle de tous les nationalistes.

Et la vision d'une Allemagne dominatrice relève bien de cet imaginaire national faisant appel à tous les souvenirs d'un passé guerrier pourtant révolu. Réveiller ces vieux affects négatifs est politiquement dangereux, car dans la manipulation du "national" ce sont toujours les nationalistes guerriers qui gagnent.

 

Notre vision de l'avenir n'est pas celle-là. Pour construire la paix et l'entente entre les peuples, il faut une politique de désarmement concertée dans un cadre multilatéral, non une poursuite de la "modernisation" de "notre" force de frappe nucléaire, si "indépendante" soit-elle !

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