Sofi OKSANEN Purge

Publié le par Henri LOURDOU

Sofi OKSANEN "Purge"

Roman édité en 2008,

traduit du finnois par Sébastien CAGNOLI

(Stock, coll La cosmopolite, 2010, 400 p.)

 

"Celui-ci avait été à Perm-36, et sur ses tatouages, on pouvait lire NKVD. Nichto Kreptche Voroskoï Droujby."(p 83) C'est-à-dire : Rien n'est Plus fort que l'Amitié des Voleurs.

Cette anecdote typique du soviétisme, illustre bien la prévalence de la Force sur le Droit dans la société. Ce qui amène indirectement à poser la question : qu'est-ce qui fait au contraire la Force du Droit dans d'autres sociétés ? A cela je ne vois qu'une réponse : nos mortels principes, pour autant qu'ils sont portés par suffisamment de nobles idéalistes pour réduire à la honte et au silence tous les cyniques adeptes de la violence et du triomphe de la Force sur le Droit.

 

Dans ce roman très glauque, la violence omniprésente nous ramène au concept d'onde traumatique. Car le contexte historico-géographique est celui de ces "Terres de sang", des pays baltes à l'Ukraine, entre 1914 et 1953, où les effets de stress post-traumatique se prolongent jusqu'à nos jours ...et ne sont sans doute pas épuisés.

 

Ce roman nous ramène aussi aux pieux mensonges, déjà oubliés, de la propagande soviétique. La vieille Aliide détruit, en 1991, les papiers compromettants accumulés par feu son mari, militant exemplaire du Parti Communiste d'Estonie : "Les papiers du parti et les diplômes allèrent dans le poêle, de même que l'insigne de pionnière de Talvi (sa fille partie s'installer dans la Finlande voisine). Et la pile d'exemplaires de la revue mensuelle "Aide au propagandiste" que Martin lisait avec avidité : "En 1960, pour 10 000 habitants il n'y avait que neuf médecins en Angleterre, aux Etats-Unis seulement douze, mais en Estonie soviétique vingt-deux ! En Géorgie soviétique ,trente-deux !"(p106)

 

Mais la trame du roman est le dénouement d'un drame familial, né dans ce contexte historique qui va des années 30 à 1950, et dont la relance de l'Histoire, à partir des années Gorbatchev, va susciter l'achèvement.

 

Mené de main de maître, le récit, alternant les aller-retours dans le temps, nous tient en haleine jusqu'au bout.

L'avis de Anne-Yes

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