Penser la transition alimentaire

Publié le par Henri LOURDOU

Penser la transition alimentaire

 

Un événement récent, m'a montré l'importance de creuser ce sujet :

"Mardi 26 septembre, un mouvement national, Les Nuits debout devant les abattoirs, réunissait les militants de l'association végane 269 Life Libération animale devant les abattoirs de France. À Tarbes, ils ont été rejoints par des agriculteurs.

«Hommage aux victimes des abattoirs», «Je suis animal». À 18 heures, devant le portail des abattoirs de la Sica pyrénéenne, une dizaine de militants de l'association 269 Life installait des pancartes floquées de photos d'animaux. Au programme, une veillée statique et silencieuse en «mémoire aux animaux tués dans les abattoirs».

Ils ont répondu à l'appel national de l'association, qui se dit antispéciste, c'est-à-dire contre l'exploitation des animaux. «Ce soir, c'est une action symbolique. Elle a lieu dans près d'une cinquantaine de villes en France», souligne Julien Confesson, responsable de l'événement.

À quelques mètres d'eux, une vingtaine d'agriculteurs du département, notamment les membres de la Coordination rurale des Hautes-Pyrénées, sont venus contre-manifester. «Nous sommes venus manifester notre envie de manger de la viande», sourit Éric Préchacq, président départemental de la Coordination. «C'est notre métier. Je ne vois pas pourquoi des gens le dénigrent», ajoute Mariel Gachassin, agricultrice dans le département."(Début d'un article faisant la "Une" de la Nouvelle République des Pyrénées" du 28-9).

Heureusement, et contrairement au slogan lancé par la Coordination rurale "Sauvez un paysan, mangez un végan", il n'y a eu aucune violence. Chaque groupe restant de son côté.

Il risque malheureusement de ne pas en être toujours ainsi. Tant les points de vue sont radicalement opposés. J'ai d'ailleurs pu l'observer lors du dernier Salon de l'agriculture où des animalistes s'étant enchaînés auprès d'animaux ont été expulsés manu militari et où j'ai vu le sang couler sur le visage d'un des expulsés et entendu les commentaires très agressifs suivant l'événement.

 

C'est pourquoi j'ai particulièrement apprécié le point de vue développé dans le supplément "Idées" du "Monde" du 26 août 2017 par l'auteur d" "Apologie du carnivore", le philosophe Dominique LESTEL, sous le titre "Négociations de table".

Que dit-il en substance ?

Qu'une "opposition générale végan/carnivore reste (...) insatisfaisante, et doit laisser la place à une division tripartite plus élaborée".

Ainsi distingue-t-il les "végans moralisateurs" – qui font bloc face à un ennemi moral dont il faut se débarrasser, le "carniste".

Puis les "carnivores hypercapitalistes" qui ne cherchent qu'a maximiser leur profit dans le commerce de la viande.

Et enfin, une alliance (qu'il s'agit de construire) entre "végans politiques" et "carnivores éthiques" afin d'aboutir à des actions concertées contre les dérives de l'élevage industriel qui constitue un problème commun.

Car, ajoute-t-il, dans une telle perspective, l'opposition entre "végans moralisateurs" et "végans politiques", tout comme celle entre "carnistes hypercapitalistes" et "carnistes éthiques" est supérieure à celle qui sépare "végans politiques" et "carnistes éthiques".

 

Creuser cette piste me semble la voie d'avenir pour faire évoluer positivement notre société en réduisant les violences faites aux animaux, tout en faisant leur place à ceux qui refusent de les manger.

Et, dois-je ajouter, en ménageant les ressources de notre planète, qui ne sauraient supporter longtemps la généralisation du régime alimentaire ovo-lacto-carné.

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